22/04/2009

Adossement, un moyen de donner priorité au lieu de travail ... sur les citadins riverains.

Monsieur,

Pour répondre à votre dernière question ["Au fait votre enfant à quel âge ? et si il est dans la tourmente actuelle seriez-vous prêt au nom de la mixité de l’inscrire dans une école ghetto à mi-chemin entre votre domicile et votre lieu de travail ??"] , mon ainée est actuellement en deuxième secondaire, le problème d'inscription est donc derrière nous. Ma deuxième fille est en sixième primaire et suivra sa soeur. Et j'espère que mon troisième suivra également, pour autant que les priorités liées aux fratries soit toujours d'application (ce qui n'est pas le souhait de tous). Mes trois enfants ont fait leurs primaires dans une petite école communale à "forte mixité sociale". Et c'est justement ce choix d'école qui a presque fermé la porte de l'école secondaire du choix de ma fille (et du nôtre), car la plupart des places étaient prises notamment par les DEUX écoles adossées. Sur les 240 places en première secondaire, il en restait une cinquantaine à l'ouverture des appels téléphoniques, et en 15 minutes, tout était parti. Ma fille fut inscrite, nous avons eu de la chance. Dans son entourage, dans notre entourage, tout le monde n'a pas eu cette chance.
Voilà l'origine de ma motivation.

Votre fils n'est pas un élève lambda, mais ma fille non plus. Ma fille a aussi son histoire, ses amis, sa vie dans ... sa ville. Imaginons donc que votre fils soit inscrit depuis son plus jeune âge dans l'école adossée à l'école secondaire où ma fille désire aller. Ma fille devrait-elle lui céder sa place, tout simplement parce que vous travaillez près de cette école ? Le fait de travailler dans une ville vous donne-t-il plus de droit que ceux qui y vivent ? Et donc, pour lui laisser une place, c'est ma fille qui devrait prendre un transport en commun, ou se faire conduire par ses parents, plutôt que de pouvoir y aller à pied ou à vélo ?
La ville appartient à tout le monde, ceux qui y vivent, ceux qui y travaillent. Mais puisque vous ne pouvez profiter du bruit, de la pollution, de maisons plus petites, ou de la vie en appartement, il est donc normal que vous puissiez profiter de ses écoles, ce n'est que juste répartition, non ? Et en échange, vous me proposez d'également partager la joie des embouteillages matinaux en allant conduire ma fille ailleurs.
A vous les avantages de la ville, à moi les inconvénients, un raisonnement un peu ... "gonflé" !
Ce n'est pas ce que vous vouliez dire, j'en suis convaincu.

Comme vous le dites, vous vivez en dehors de Bruxelles, c'est un choix. Je vis en ville, c'est un autre choix, j'en assume les inconvénients, car j'y trouve d'autres avantages. Mais vous ne seriez pas plus heureux si on retirait les avantages de votre cadre de vie (j'avoue ne pas le connaître, mais si c'est votre choix, vous y trouvez certainement plus d'avantages qu'à la ville).

Avant ces décrets, tout allait mieux, les directions géraient cela avec plus d'humanité ? Ce que je vous explique, c'était AVANT les décrets.
L'inscription au secondaire était, passé les priorités des écoles adossées, tantôt par téléphone, tantôt selon le premier venu, premier servi (les files donc).
C'est vrai que j'aurais du inscrire ma fille en primaire dans la "bonne" école ! Sauf que c'est ma liberté de parent de choisir et l'école primaire, et l'école secondaire. Sauf que j'en avais fait la demande, mais elle fut refusée, pour des raisons qui nous restent encore obscures.

Je caricature ? Pas sûr ! Si ma fille n'avait obtenu sa place, elle était inscrite dans une autre école (notre second choix), mais il aurait fallu l'y conduire, "sa" place étant prise par un autre enfant venant de loin (dans sa classe actuelle, certains font plus de 20 km). Et d'autres n'ayant obtenu leur place, ont poursuivi leur recherche; et une certaine école, pour inscrire un enfant sur liste d'attente (sans garantie de fournir une place donc), demande aux parents de signer un papier stipulant que les parents s'engagent à ne faire de demande dans aucune autre école ! Plutôt surréaliste comme "gestion responsable des inscriptions" !

En caricaturant, on pourrait dire que puisque vous avez déjà eu la chance d'obtenir une place dans l'école de votre choix au primaire, cette chance était valable une seconde fois au secondaire, comme si le fait de gagner au lotto vous donnait le droit de gagner au tirage suivant : après tout, il suffisait de tirer les bons numéros au premier tirage, non ? (C'est une caricature, un clin d'oeil. Je vous l'accorde, l'inscription dans une école ne devrait pas être un tirage lotto, même si hélas, nos dirigeants ont manifestement confondu les deux !)

Et je n'ai pas dit que vous ne pouviez pas inscrire votre fils dans l'école de votre choix, ou que vous deviez choisir une école "ghetto" comme second choix. Mon point de vue est simplement que entre celui qui habite en face de l'école et celui qui travaille à côté, celui qui habite en face devrait avoir priorité. Et l'adossement va plus loin, puisqu'il donne la priorité à des enfants venant parfois de très loin, dont les parents ne travaille pas spécialement à proximité de l'école.

Pour terminer, je suis d'accord avec vous, le problème est ailleurs, dans la qualité inégale des écoles. Mais cela, on ne le résoudra pas à court terme, et il faut bien gérer les inscriptions d'ici là. Car tant que les écoles ne seront pas équivalentes, il y aura dans certaines écoles un surplus de demandes à gérer. Je suis également d'accord, le décret Lotto est une catastrophe, n'a fait qu'amplifier le problème, et les médias en ont rajouté un couche. Mais même s'il ne concernait que quelques écoles, ce problème existait bel et bien, et il me semblait effectivement utile de mettre un peu d'ordre dans "la gestion responsable" de certaines directions.

Très sincèrement, Pierre Hardy.

 
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