23/04/2009

Suppression de l'adossement : une idée à contre-courant ?

[...]
Tout d'abord, je ne veux pas "enfoncer encore plus la tête dans l'eau de ceux qui sont déjà le plus touchés par le décret", n'étant pas directement concerné, je me suis abstenu de tout commentaire à ce sujet pour la rentrée prochaine.

"Mon avis n'intéresse que moi" ? C'est vous qui le dites ! Ayez au moins l'honnêteté de reconnaitre qu'à cette réunion du 2 avril dernier, deux autres participants ont évoqué les limites de l'adossement. Je ne vais pas dans votre sens, je suis entièrement d'accord, mais est-ce pour autant que je vais à contre-courant ? Ce n'est là que votre point de vue, partagé par la plupart des membres de votre association, j'en conviens également.

Mais puis-je tout de même vous rappeler que sur votre site, vous publiez une proposition de Bernard Delvaux (http://www.decretlotto.be/Noteinscription.doc), membre du GIRSEF (Groupe interdisciplinaire de Recherche sur la Socialisation, l'Education et la Formation : http://www.uclouvain.be/girsef.html); et qui, au vu de son CV (http://www.uclouvain.be/cps/ucl/doc/girsef/documents/C.V....), se penche depuis longtemps sur les problèmes liés à l'enseignement et aux inscriptions. On peut bien sûr ne pas être d'accord avec le résultat de ses études, mais notez que dans son document, que vous publiez, il écrit :

Critères relatifs à la position scolaire antérieure :

[...]

-    élèves inscrits dans l’école primaire adossée à l’école secondaire

o       désavantage les écoles secondaires et primaires sans convention ou avec une ou des conventions limitées à des écoles du bas de la hiérarchie ;

o       peut réduire le choix des familles présentes dans les écoles primaires non conventionnées et avoir à terme un impact sur l’attractivité de ces écoles


et plus loin dans la seconde partie : "Proposition" :

-      Priorité aux élèves ayant déjà des frères et sœurs dans l’implantation(ce critère ne peut être invoqué que pour la 1re implantation choisie) : inscription de tous les demandeurs invoquant ce critère pour l’école de leur premier choix sauf, cas peu probable, où le nombre de ceux-ci dépasse le nombre de places disponibles dans l’école.
[...]

-   Aucune priorité tenant compte de la situation scolaire antérieure n’a été insérée car les priorités de ce type tendent à confirmer les avantages acquis, à rendre plus crucial l’enjeu de l’inscription au niveau d’enseignement antérieur et peuvent être préjudiciables aux écoles primaires sans lien avec des écoles secondaires (situation plus fréquente dans un des réseaux que dans les autres).


Pour être honnête, il écrit également :

Critères relatifs au lieu de résidence :

[...]

-    élèves se situant à proximité géographique de l’école (élèves les plus proches)

o       risque de confirmation des ségrégations résidentielles.


et, à nouveau dans la partie "Proposition" :

Tirage au sort pour départager les demandes trop nombreuses

Choix :

-      Tirage au sort d’une même proportion d’élèves dans chacune des catégories de diplôme.

[...]

Justification :

-     Rejet du système basé sur l’ordre d’inscription car il est générateur de chaos lors de l’ouverture des inscriptions et est injuste socialement.

-     Le tirage au sort est préféré à la variable continue car nous n’avons pas trouvé de variable qui, simultanément, soit aisée à manipuler et ait un effet neutre ou positif sur la mixité. Par exemple, la distance en mètres entre le domicile et l’école risque de confirmer les ségrégations résidentielles et, par ailleurs, risque de favoriser des comportements stratégiques au moment du choix (certains comprenant et d’autres pas qu’ils gaspilleraient leurs chances en choisissant une école trop demandées dont ils sont trop éloignés).


A la proximité géographique, M. Delvaux préfère donc le tirage au sort. C'est pour tenter d'atténuer cette "ségrégation" que j'avais introduit de multiples facteurs dans mon calcul de proximité géographique, et ce calcul (même si un peu complexe) pourrait constituer une "variable continue". Mais là, ce n'est que mon avis. J'avais envoyé quelques commentaires à M. Delvaux, mais je doute qu'ils vous intéressent.

Je ne suis pas en faveur du tirage au sort (là, nous sommes d'accord), mais d'autres vont également "à contre-courant". Dans un article paru dans Le Soir le 12 décembre 2008  (http://archives.lesoir.be/mixite-le-tirage-au-sort-n-8217...), Estelle Cantillon, Professeur d’économie à l’ULB, écrit :

L’ancienne formule était de « laisser faire ». Elle a mené à toute sorte d’abus et de discriminations entre ceux qui connaissaient « les règles du jeu » implicites et ceux qui ne les connaissaient pas.
[...]
Et pourtant, la grande leçon du décret mixité n’est pas que le tirage au sort soit mauvais, mais qu’il est important de tenir compte de la façon dont les élèves et parents s’adaptent aux nouvelles règles. L’erreur du ministre Dupont est d’avoir ignoré cet aspect-là. On pourrait même aller plus loin et dire qu’il faut trouver une procédure qui n’oblige pas les parents à se casser la tête pour exploiter les failles du système afin de garantir à leurs enfants une place dans l’école de leur choix. Utopique ? Pas du tout. De telles procédures existent, par exemple aux Etats-Unis, et elles évitent tous les écueils que nous venons de décrire (1).

Là aussi, on peut ne pas être d'accord, mais par ces exemples (choisis), je veux vous montrer que votre position n'est pas forcément dominante en dehors de votre cercle. Il existe d'autres points de vue que le votre, mais manifestement vous n'êtes pas disposé(e) à ne fusse que les considérer. Je ne donne pas des leçons, j'essaie d'exprimer une autre opinion, de (dé)montrer que l'adossement est inéquitable et/ou reporte le problème au niveau du fondamental. J'avance des propositions, et je tente de les soutenir par une argumentation. Le débat contradictoire et la liberté d'expression ne sont-ils pas l'essence de la démocratie ?

Je bénéficie certes d'une priorité (fratrie) pour ma deuxième fille, ce n'est ni un argument contre cette priorité, ni un argument en faveur de l'adossement. Mais pour mon ainée, je n'ai bénéficié d'aucune priorité, situation de bon nombre de parents, d'enfants, et qui est malheureusement également la vôtre aujourd'hui (si je ne me trompe).

Le but premier de ma démarche était de réfléchir à un autre mode d'inscription, plus équitable, offrant les mêmes chances accès au secondaire à TOUS les enfants, et en évitant le tirage au sort ou les files. Ceci afin d'éviter le stress que vous vivez, le stress que j'ai vécu il y a trois, lorsque l'inscription de ma fille fut soumise à une loterie téléphonique (j'en avais très mal dormis durant des mois !). La proximité géographique, même adaptée pour tenir compte de l'isolement, du lieu de travail, ... n'est peut-être pas la solution, mais l'adossement ne me convainc pas plus, même élargi.

Finalement, pour répondre à votre autre courriel, deux derniers points :

Comme vous l'insinuez, je ne "roule" pas pour Dupont (ou Hariche), il me semble rappeler dans pratiquement tous mes messages que le décret Lotto est une réelle catastrophe. Je ne suis affilié à aucun parti, et entend garder une indépendance d'esprit.

Quant à ma proposition pour dégonfler la bulle, elle prétend effectivement aider tous ceux que je rencontre autour de moi et qui sont mal placés (n'ayant pas leur premier choix), et par les places libérées, aider ceux qui restent à l'heure actuelle sans place. Et si cela peut également vous servir, j'en serais très heureux.

Bien à vous,
Pierre Hardy.

 
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