18/12/2009

Entre (double !) déni de démocratie, privilèges et usurpation !

[Courriel envoyé le 18/11/2009, et repris le 10/12/2009]

Lorsque j'entends que l'on "revient" sur l'adossement, déguisé sous le beau vocable de "continuum pédagogique", mon sang ne fait qu'un tour. Je reprends donc un message sur le sujet. L'adossement (sous quelque forme que ce soit) reflète un souhait d'une majorité ? Absolument pas, que du contraire !

Comment une minorité peut-elle prendre la majorité en otage ?  Lundi dernier, lors d'une réunion du Conseil de Participation de l'école fondamentale (de mon dernier), l'échevin de l'enseignement, siégeant dans l ' "association des directions" (ou quelque chose du genre), me rappelait que la majorité des directeurs sont contre l'adossement, tous réseaux confondus, y compris le libre donc. Et une étude du SEGEC (oui du SEGEC !) le confirme :

6. Une autre alternative a également été évoquée par le Groupe de Travail du SeGEC: «afin d’éviter toute forme de déséquilibre entre les établissements, supprimer toute possibilité de conventionnement entre les écoles fondamentales et secondaires »
A votre avis, cette hypothèse :
apporte une solution satisfaisante : 55,4%
est acceptable sans plus : 18,5%
ne convient pas du tout : 23,5%
sans réponse : 2,6%

(Pour être complet, cette enquête montre également une majorité pour un adossement plus général, contradictoire donc. Voir le résultat complet : http://www.segec.be/Documents/Actualites/Enquete_inscript...)

Cela montre à tout le moins que la majorité, au sein des directions des écoles primaires du SEGEC, n'est PAS hostile à la suppression de l'adossement ! Alors quoi ? Le SEGEC ne représente que lui-même, ses propres idées et ambitions, ou ne représente, ne défend qu'une minorité de directions ?

La FAPEO, et derrière elle, le réseau officiel, est d'un tout autre avis : voir la deuxième partie de l'article paru le 17/11/2009 dans Le Soir : http://archives.lesoir.be/debat-le-gouvernement-de-la-com...., dont voici un large extrait :

[...] Liberté de choix, pour qui ? On redonne dans ce projet de décret plein pouvoir aux établissements, alors qu’il s’agissait précisément de veiller à ce que chaque parent soit traité de manière impartiale et égale pour inscrire son enfant. La bonne in(formation) et la capacité d’influence, voilà ce qui différencie singulièrement les parents entre eux alors qu’ils sont mis en compétition dans le cadre d’une gestion de pénurie. Que tous les utopistes qui croient encore que les écoles financées par les pouvoirs publics sont accessibles à chacun, prennent bien conscience de ce qui est en train de se jouer.
La priorité des priorités : l’adossement ? Sans entrer dans tous les détails, il est des priorités qui paraissent évidentes comme le critère « frère ou sœur » ainsi que celles qui soutiennent des enfants en situations spécifiques (enfants en internat, en familles d’accueil, enfants de l’enseignement spécial en projet d’intégration, etc.).
Ce qui pose question, c’est l’adossement. Pourquoi ne reconnaître que les conventions soumises avant le 20 octobre 2008 ? Erreur ou intention ? En tout cas, cette astuce empêcherait d’autres Pouvoirs Organisateurs – dont la Ville de Bruxelles – de conclure des conventions d’adossement. Car, tout le monde se doute bien que si toutes les écoles secondaires importantes sont adossées avec une école primaire, le système va être complètement fermé et paralysé.
On favorise ainsi le continuum pour les uns et le « prenez ce qui reste » pour les autres. Or, tous les enfants, quels qu’ils soient et quelle que soit leur école primaire, doivent bénéficier d’un continuum pédagogique.
Il est clair pour nous que ce projet de décret veut bétonner des voies royales pour certains profils. Dès lors, dans l’intérêt de chaque enfant, c’est « tous adossés » ou « aucun adossé » ! Et plutôt aucun. [...]

Ou encore, la carte blanche 25/11, toujours dans Le Soir, signée par "Un collectif de signataires membres de la Plateforme de lutte contre l’échec scolaire" : http://archives.lesoir.be/carte-blanche-accord-gouverneme..., dont voici deux extraits :

[...] Plateforme rappelle qu’elle n’admet le critère d’adossement, même temporaire, qu’au nom du réalisme politique. [Ce qui veut tout dire !]
[...]Le critère de proximité entre l’école primaire d’origine et l’école secondaire demandée ne lui paraît pas recevable, pas plus que le critère d’immersion. Tous deux donnent un bonus à une partie seulement des écoles fondamentales et à ceux qui les fréquentent. De surcroît, ils reportent au niveau de l’enseignement primaire la compétition pour les places les plus convoitées. En proposant de tels critères, le gouvernement fait rentrer par la fenêtre le critère d’adossement qu’il fait mine de chasser par la porte.[...]

Et, pour me répéter,

Si l'on s'attache à respecter les choix des parents, ceux-ci exprimeront à travers leurs choix cette "continuité pédagogique", et tous peuvent de la même manière choisir la pédagogie qu'ils souhaitent pour leur enfant, qu'elle soit en continuité ou non. S'ils ont déjà l'occasion d'exprimer leur choix, pourquoi faut-il qu'il soit "garanti" pour certains et non pour d'autres ?

Qu'on arrête de brandir la "Continuité pédagogique" comme un crucifix devant un possédé ... d'équité !

Je vous invite bien évidemment à relire le message ci-dessous, ainsi que d'autres arguments, courriels disponibles via mon site : http://id-phy.orgfree.com/Opinion/InscrSec.html
- par rapport à l'adossement : http://id-phy.orgfree.com/Opinion/InscrAdossement.html
- l'index de mes principaux messages : http://id-phy.orgfree.com/Opinion/InscrSec.html#IndexBlog

Au final, un double déni de démocratie : une minorité de direction fait blocage, et est relayé par une minorité (le CDH) au sein de la coalition qui fait blocage à son tour !

[...] Je suis las d'entendre qu'il faille "composer", que l'on doit trouver un compromis politiquement acceptable, si "composer" se traduit in fine par l'imposition du point de vue de la minorité à la majorité !

[...]

Avec mes meilleures salutations,
Pierre Hardy.


Pierre Hardy wrote:

Bonjour,

Au coeur des négociations sur ce nouveau décret, cela coince toujours sur l'adossement, certains groupes (de parents) défendent bec et ongles cette priorité, se prétendant représentatifs de tous (ou du moins de la majorité des parents). Belle usurpation, mais à force de le crier haut et fort, certains finissent par le croire. Même la RTBF a fait cet amalgame, déclarant que "LES parents sont contre la nouvelle mouture du projet", alors que ce ne sont que (certains) parents essentiellement du réseau catholique, soutenus par DecreLotto et ELEVES. Une nuance de taille ! Je leur ai d'ailleurs envoyé le message suivant :
"Dans votre journal, vous dites que les parents ne sont pas d'accord avec la nouvelle mouture en préparation, citant ELEVES et DécretLotto, mais ces 2 ASBL ne représentent qu'elles même et non tous les parents. [...] Ces 2 ASBL font effectivement beaucoup de bruit, et ont les moyens de se faire entendre (autre discrimination !), mais de là à les assimiler aux parents, c'est une erreur ! Un tel raccourci n'est pas digne d'un journalisme de qualité ! La FAPEO n'est pas du même avis : voir l'article de Hakim Hedia paru dans Le Soir de ce mardi17 novembre 2009 (rubrique Forum)."

Le Soir n'est pas loin de faire le même amalgame, même si précisé dans l'article, Pierre Bouillon titre "Parents fâchés, syndicats contents".

Et pour compléter, un extrait du courriel adressé à madame Simonet et monsieur Maingain le 2 novembre dernier (avant la parution de l'avant projet donc) :
--- quote ---
J'ai par ailleurs reçu quelques informations de la journée de débats que vous avez organisée le 16 octobre, mais lorsque je regarde la représentation des parents : UFAPEC, FAPEO, ELEVES, Décret Lotto, certains me semblent plus représentés que d'autres. Il y a là un certain déni de démocratie. Monsieur Maingain, vous l'aviez soulevé, certains parents, de par leur situation et leur capacité de mobilisation, se font plus entendre que d'autres et sont donc sur-représentés dans les débats. ELEVES et Décret Lotto ne fesant presque qu'un et très proches de l'UFAPEC, qui tous sont en faveur de l'adossement. Et ce n'est pas parce que ELEVES se targue d'avoir en ses rangs des représentants de tous les horizons qu'il représente tous les horizons ! Il y a là un pas que ELEVES franchit un peu vite. [...]
Qu'on arrête de brandir la "Continuité pédagogique" comme un crucifix devant un possédé ... d'équité, ou comme le disait Bernard Devos dans un article du Soir du 13 mars 2009 "Assez de privilèges de castes" (http://archives.lesoir.be/enseignement-le-delegue-general...). S'il fallait retenir quelque chose des précédents décrets (que votre parti a voté), c'est certainement la suppression programmée de l'adossement : qu'on en finisse une bonne fois pour toutes ! Si l'on s'attache à respecter les choix des parents, ceux-ci exprimeront à travers leurs choix cette "continuité pédagogique", et tous peuvent de la même manière choisir la pédagogie qu'ils souhaitent pour leur enfant, qu'elle soit en continuité ou non. S'ils ont déjà l'occasion d'exprimer leur choix, pourquoi faut-il qu'il soit "garanti" pour certains et non pour d'autres ? L'école fondamentale devrait, pour le bien-être des enfants (et de la planète), être une école de proximité. Dès lors, si on départage les demandes suivant un critère de proximité, ils devraient se situer en haut de la liste pour l'inscription au secondaire. Et lorsque j'entends comme argument qu'un parent "a fait l'effort de conduire son enfant [du Brabant Wallon] à Bruxelles pendant six ans pour qu'il aie une bonne école secondaire", je le prend plutôt comme un contre-argument. Sans nier la liberté des parents d'inscrire leur enfant où bon leur semble, ce n'est à mon sens certainement pas un comportement à cautionner, à encourager.

Pour revenir à ma proposition, quelques soient les critères retenus, tant que certaines écoles seront plus prisées que d'autres, il faudra bien départager les demandes. Que ce soit globalement au sein d'une école, par catégorie selon certaines propositions, ... et en pareille situation, aux files, à la loterie, je préfère un critère [de type] géographique.

--- unquote ---

Je ne puis donc que vous demander de faire preuve de courage politique, et d'effectivement supprimer (et au plus tôt) cet adossement, priorité inéquitable, discriminante, anti-démocratique, privilège d'un autre âge !

Avec mes meilleures salutations,

Pierre Hardy.

Toutes mes propositions, positions, commentaires et principaux courriels sont accessibles via : http://id-phy.orgfree.com/Opinion/InscrSec.html
 
Free Web Hosting