13/11/2009

Un nouveau (avant-) projet à étouffer dans l'oeuf !

[Courriel envoyé le 09/11/2009]

Les articles parus dans le journal Le Soir de ce WE me laissent pantois !
(http://www.lesoir.be/actualite/belgique/2009-11-07/voici-le-nouveau-decret-inscriptions-736791.shtml)


Le nouveau projet de décret :
- renforce les inégalités, car tous n'auront pas la même "accessibilité" à l'école de leur choix (il faut être de la bonne école primaire, ...);
- renforce l'étanchéité entre les réseaux, alors que par ailleurson se plaint d'un manque de souplesse, de collaboration, ...
- pérennise l'adossement, sans se préoccuper de tous les effets pervers, sans apporter le moindre soupçon de solution à tous ces problèmes induits;
- est d'un confus pour les parents, les critères variant du tout au tout d'une école à l'autre : les parents ne sauront plus à quels saint se vouer;
- ne se préoccupe des multi-inscriptions qu'à postériori (et encore!)
- propose le retour aux files !
- ...

Qu'a-t-on retenu des leçons du passé ? Je n'ai rien vu concernant :
- la prise en compte du choix des parents dès le début du processus d'inscription
- la gestion des multi-inscriptions par une application / base de données centralisée
pour éviter les mois d'attente avant que la bulle ne se dégonfle, personne ne disposant de données complètes et "instantanées".

Désolé, mais je n'y vois aucune vision (et encore moins aucun courage!) politique, juste un ramassis de critères pour calmer ceux qui crient le plus ! Un décret taillé sur mesure pour le réseau catholique. Très loin de chercher une vraie solution, équitable pour tous.

Avec les décrets précédents, je pensais qu'il était impossible de faire pire, là je n'en suis plus convaincu ! Une prise en compte des préférences dès le début (et donc des multi-inscriptions) aurait rendu le décret Dupont nettement plus acceptable, car il était plus équitable.

CDH, Centre démocrate Humaniste ? Cette proposition est très à droite, anti-démocratique (ne cherchant pas la satisfaction de la majorité) et fondamentalement inhumaine pour tous ceux n'étant pas privilégiés par l'un ou  l'autre de vos critères (ils n'auront qu'à se contenter des miettes, s'il en reste !).

J'en appellerai donc à la réaction des autres partis, que le processus d'inscription ne soit pas pris en otage par une minorité ayant les moyens de se faire entendre !

Et ne me dites pas que la critique est aisée, qu'il n'a guère moyen de faire autrement ... mieux,

Avec mes meilleures salutations,
Pierre Hardy.

[Et la suite, adressé plus directement à A. Maingain le 13/11/2009]

 

Voici quelques remarques sur votre avant-projet, quelque peu obsolète si ce que j'ai lu dans la presse ce matin s'avère correct, suivies d'autres considérations, réflexions complémentaires.

Même si vous considérez que "la grande majorité des acteurs consultés [y] est hostile", après les désastres des derniers décrets, alors que tous les partis (et le votre en premier !) appelaient à repartir d'une page blanche, la population en général, et les parents en particulier (mais dans leur globalité !), ne seraient-ils pas plus enclin à accepter une solution radicalement différente, plutôt qu'un rafistolage des précédentes recettes, comme pointé dans les médias ? Dans la presse (Le Soir du 29/11/2009 : http://www.lesoir.be/actualite/belgique/2009-09-29/nouvea...), on pouvait lire :"qu’un semblant de consensus semble se dégager entre une majorité d’acteurs en faveur d’un système de gestion centralisée des inscriptions [...]. Tout le monde s’accorde en tout cas sur la nécessité d’éviter un chaos tel que celui qui a marqué le processus en 2009, [...] chaos essentiellement dû à la difficulté de confronter les listes des différents réseaux." Qu'en reste-t-il ? Vous parlez d'un traitement par la CIRI à postériori, qui aura donc besoin et de toutes les demandes d'inscriptions des écoles (pour détecter les multi-inscrits) et des préférences des parents, pourquoi ne pas disposer de ces données à priori, et donner directement le meilleur choix possible à chaque enfant dès le premier tour ? On gagnerait des semaines, les enfants et parents gagneraient en sérénité (pour se concentrer sur la fin de leurs primaires), la CIRI n'auraient plus à se préoccuper que des réels cas "difficiles", exceptionnels (arrivée de l'étranger, enfants très mal servis, contestations, ...).

Au niveau des critères, vous citez une distance géographique à vol d'oiseau. C'est certes très simple et compréhensible par tous, mais ici encore, ce n'est pas ce que le citoyen attend, car il ne prend pas en considération l'isolement des campagnes, le lieu de travail, ... Par ailleurs, vous définissez également des critères variables par école, entre 1 et 2. Dans mon modèle, je propose des coefficients entre 0 et 1, juste une question d'équivalence mathématique. Je suis d'accord, une formule intégrant tous ces paramètre est probablement (trop) complexe à gérer pour les directions, mais c'est un jeu d'enfant dans une application centrale ! (... Et mise à disposition des directions.)

Même dans votre (avant projet de) modèle, avec la multiplicité de critères pondérés, plutôt que chaque école/direction ne doive construire son petit outil informatique (feuille de calcul, ...) dans son coin, pourquoi se priver de leur offrir un outil prêt à l'emploi ? N'est-ce pas les mêmes qui se plaignent de surcharge administrative, et qui dans le même temps refuse un outils informatique les aidant en ce domaine ? De quoi ont-ils tant peur, si ce n'est de perdre un libre arbitre échappant à tout contrôle ... Ce que le décret tente (manifestement vainement) de contrôler !

Si certains (PO, groupes de parents, ...) peuvent revendiquer une autonomie des directions, voir un continuum pédagogique, et veulent ainsi influer sur la politique, c'est le jeu démocratique. On peut (ou pas) tenir compte de ces revendications, mais s'ils obtiennent gain de cause sur le fond, faut-il en plus se soumettre à leur dictat sur la forme ? C'est comme si le contribuable refusait toute application centrale de traitement des déclarations d'impôts, refusait le TaxOnWeb (par ailleurs de plus en plus adopté), refusait tout croisement des fichiers, ... et que le politique acceptait ces revendications (des électeurs), au mépris de toute équité !

Concernant les multi-inscriptions, certains veulent les limiter à un minimum (2 ou 3), voir à une seule avec l'instauration d'un "passeport" ("passeport", drôle de choix, ce terme est fondamentalement associé à une certaine restriction de liberté !). Le problème n'est pas les multi-inscriptions, mais bien leur (non-) gestion ! En effet, en tant que parent, mon désir (premier choix) peut être une école où ma chance est faible, mais j'ai tout de même le droit d'y "tenter ma chance". Par contre, c'est aussi ma responsabilité de parent d'assurer une inscription à mes enfants, et donc d'assurer "mes arrières", en l'inscrivant dans d'autres écoles, dont celle où je bénéficie de plus de priorités (que je voudrais pouvoir exercer, si je n'obtiens mon premier choix). Restreindre le nombre de multi-inscriptions possibles, c'est forcer les parents à se replier sur les écoles où ils ont le plus de "chances" (priorités, rencontrant les critères), au détriment d'un choix libre et réfléchi. Ici encore, pour les gérer, une application centralisée est incontournable.

N'est-ce le moment de frapper un grand coup ? Si certaines mesures paraissent impopulaires, ne les prend on traditionnellement en début de législature, soit (au pire) le mécontentement sera quelque peu (voir complètement) oublié en fin de législature et vous aurez le temps de le corriger si besoin est, soit (au mieux) les mesures auront montré leur effets positifs sur le long terme et convaincu les plus irréductibles.

J'avais débuté ce courriel hier soir, et je lis avec plaisir ce matin, dans Le Soir (http://www.lesoir.be/actualite/belgique/2009-11-13/l-avan...), que les choses évoluent dans le même sens, enfin une lueur de bon sens.
Mais je vois également que le critère géographique est rejeté. L'avoir présenté "à vol d'oiseau", c'était le condamner d'entrée de jeu, car favorisant les "ghettos nantis" autour des écoles prisées, à l'instar de la France. Pourtant, dans l'opinion publique, c'est d'un bon sens ... commun, économique et écologique !
Je lis également un souhait d'un seul tour pour les prioritaires et non prioritaires, et une procédure simple, laissant la "grande majorité des écoles tranquilles", c'est aussi ce que j'avais prévus dans ma procédure (une seule demande est possible, afin de ne pas surcharger les directions de rencontres/demandes inutiles, superflues).

Pour revenir sur l'adossement, plus longtemps il sera autorisé, plus les écoles orphelines (et leurs enfants) seront pénalisés, au risque de voir certaines d'entre-elles tout simplement disparaitre; après il sera trop tard ! A ces parents qui ont choisi l'école fondamentale, non pour elle-même, mais pour l'école secondaire adossée, je répondrais qu'il y plusieurs années qu'on annonce cette suppression, qu'elle ne serait maintenue que pour deux ans, il y 3 ou 4 ans de cela. Alors qu'on ne vienne plus dire qu'ils "sont pris de court", et si malgré tout, certains parents se sont "entêtés", jouant la carte du fait accompli, c'est leur erreur, leur responsabilité ! Il est temps ici aussi de frapper un grand coup, plutôt de leur laisser croire qu'indéfiniment on pourra prolonger cet adossement.

La proposition que j'avais élaborée, et que je voulais consensuelle, rencontre, me semble-t-il toutes ces demandes (celles que je lis dans la presse, pas uniquement les miennes) :
- rencontre avec la/les direction(s) d'école : première étape, la plus fondamentale;
- prise en compte des préférences des parents (choix, critères de proximité (domicile, lieu de travail, ...));
- prise en compte de facteurs socio-pédagogiques;
- optimisation par voie informatique, en un tour pour la toute grande majorité des cas;
- possibilité d'un second tour pour les insatisfaits, distraits, retardataires et autres nouveaux venus.

Les formules du modèle mathématique sont probablement à revoir, affiner, pour ajuster la prépondérances des critères, ...
De même le processus d'optimisation doit être peaufiné, notamment pour intégrer les priorités latentes, correspondant à un moindre choix et que l'on exerce que si on n'a pas obtenu un meilleur choix : par exemple si on ne dispose pas de frère dans l'école de son premier choix, mais bien dans celle de second ou troisième choix, ou plus largement, si dans la seconde école, on entre dans des critères plus favorables. Et là on risque de retomber dans la problématique des "mal-placés", même si c'est à une échelle nettement moindre : existerait-il des situations où des enfants ayant obtenu une place par activation de priorités latentes (de moindre choix donc), pourraient échanger leur place pour obtenir un meilleur choix ? A priori, à défaut d'une démonstration prouvant le contraire, c'est tout à fait possible.
Je voudrais également revenir sur un autre point d'optimisation que je n'ai jamais vu évoqué : si un enfant introduit une demande d'inscription dans cinq écoles de "même type" (disons toutes très demandées), s'il n'obtient son premier choix, il est fort probable que ses 2ème à 5ème choix soient déjà complets par d'autres premiers choix (ou supérieurs), et il devrait alors se rabattre sur un école "par dépit". Il est (fort ?) probable que s'il avait ordonné ses choix différemment, il put obtenir une place parmi les 5 demandées. Une erreur de "stratégie" peut se révéler fatale, une certaine forme de loterie ... Est-ce tout simplement "tant pis" ? Ou essaie-t-on une optimisation globale, où un enfant n'aurait que son deuxième choix au lieu du premier, afin qu'un autre puisse obtenir autre chose qu'un choix par dépit ? Ou encore on "bétonne" les premiers choix, et ne joue qu'à partir du deuxième, c'est à dire qu'un (autre) enfant n'obtiendrait que son troisième au lieu du deuxième, ... Il se pourrait que quelques "glissements", défavorisant légèrement certains, amélioreraient grandement la situation d'autres. Quantifier un tel potentiel bénéfice est quasiment impossible à priori, seules des simulations (informatiques) permettraient d'en juger à postériori. La question est donc avant tout de savoir si on considère, si on accepte un tel principe d'optimisation ou pas. Dans mon modèle mathématique, j'avais tenté une approche pour résoudre ce problème (si la mise en équation est peu complexe, sa résolution l'est nettement moins).
Ceci nécessite une bonne "ingénierie informatique", l'application informatique devant "coller" aux choix politiques, et non l'inverse !

Parmi les principes, personnellement, je tiens particulièrement à :
- la suppression de l'adossement, par équité, et au plus vite;
- un départage intégrant un critère géographique : comment admettre, expliquer à un enfant qu'il doit céder "sa" place dans l'école toute proche pour quelqu'un venant de loin, et de ce fait, lui aussi devoir faire des kilomètres ?!
L'application centrale n'étant pas un principe, mais tout simplement incontournable.

S'il vous plait, veillez cette fois à ce que juridiquement, une optimisation globale soit possible, en autorisant notamment et au minimum les échanges (ne refaites pas l'erreur du décret "de Groote - Jamoulle").

En restant bien sûr à votre disposition,
Avec mes meilleures salutations,

Pierre Hardy.

 
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