24/04/2009
Adossement élargi - généralisé
[4 Avril 2009]
Admettons que toutes les écoles primaires soient adossées à une ou plusieurs écoles secondaires et vice versa.
Même si les parents peuvent "avoir des ambitions" pour leurs enfants, choisir une école secondaire pour son enfant alors qu'il ne sait pas encore parler, n'est effectivement que l'expression d'une ambition (je ne veux pas dire qu'il ne faille pas avoir d'ambitions pour ses enfants, loin de là). Mais il s'agit d'inscrire un enfant au fondamental dans l'école qui lui convient le mieux, en accord avec les principes, les ambitions des parents, pour l'école elle-même, et non en fonction de l'école secondaire. Je peux vouloir un type de pédagogie au primaire, et un autre au secondaire, c'est ma liberté de parent . Et de même au terme du primaire, il faut pouvoir inscrire les enfants dans l'école secondaire la plus appropriée, qui ne sera pas toujours "la voie traditionnelle". Chaque école primaire doit-elle alors s'adosser à une "palette" d'écoles secondaires, afin d'offrir un maximum d'opportunités à la sortie ? Et pour favoriser un minimum de mixité sociale, chaque école secondaire doit être adossée à une "palette" d'écoles primaires de profils socio-culturel différents.
Tout le problème est alors déplacé vers le fondamental. Les écoles primaires seront cotées en fonction de leurs écoles adossées et de leur nombre, et non en fonction de leur pédagogie, de leurs caractéristiques propres. Et quels parents seront conscients que lorsqu'ils cherchent une école maternelle, ils engagent en fait toute la scolarité de leur enfant ? Ensuite, quels modes d'inscription pour le primaire ? Mon ainée n'a pas été acceptée dans l'école fondamentale adossée à son actuelle école secondaire, par manque de places sans doute, mais selon des critères ... obscurs. C'était l'école la plus proche, nos enfants pouvaient y aller sans croiser la moindre voiture. Recalée un jour, recalée pour toujours ?! Allez-vous adosser des crèches, il y a la aussi des "flux naturels et traditionnels" ? Sinon, quels critères ? On n'avance guère, on a juste déplacé le problème du secondaire au maternel.
Voulez-vous créer des bassins scolaires (partition géographique), ou des "zones d'influence" (patchworks se chevauchant) ? L'adossement en "toile d'araignée" créera de nouveaux réseaux, ou sous-réseaux d'écoles, duquel il sera quasiment impossible de sortir. En effet, avec les adossements actuels, il ne reste déjà que (très) peu de places disponibles pour "les autres" dans certains établissements, si ceux-ci s'adossent encore à d'autres écoles, ils ne pourront même pas absorber la population adossée, comment imaginer alors que des "extérieurs" puissent encore espérer une place ?
Et s'il n'y a pas assez de places pour les adossés, comment comptez-vous répartir les places ? Tirage au sort, premier venu premier servi (= files), à la "discrétion" du directeur, proximité géographique, ... ?
Et en admettant que vous ayez répondu à toutes ces questions, que vous ayez affiné votre proposition, ne faudrait-il attendre ... 9 ans avant de pouvoir l'appliquer, histoire de ne pas prendre les parents "de court". Il faudrait informer les parents AVANT la recherche d'une école fondamentale, à la maternité donc.
J'ai beau y réfléchir, je n'ai pas l'impression que l'adossement généralisé fasse réellement progresser les choses. Le modèle serait plus complexe encore, demande aux parents de faire des choix à très long terme, sans aucune garantie, sécurité. En 9 ans, le temps du fondamental, bien des choses peuvent changer, tant au niveau familial, de l'enfant (qui peut évoluer dans des directions inattendues), de l'école primaire, de l'école secondaire visée, ...
Ou alors, il y quelque chose qui m'échappe et je n'ai rien compris ...
Pour faire un pas dans votre sens, dans ma notion de proximité géographique, on pourrait "introduire" l'école primaire, soit en la prenant comme "adresse secondaire" si elle est proche, soit en ajoutant un autre facteur pour favoriser les enfants issus de ces écoles. Mais je ne suis pas convaincu que ce soit sain, et c'est cette notion de proximité qui deviendrait de plus en plus complexe, nébuleuse, voir obscure.
Au travers de tout ces échanges, je sens une même volonté de trouver une meilleure solution pour l'inscription au secondaire (ce qui ne devrait être trop difficile, car quasiment impossible de faire pire !). Nous voulons tous une solution "fluide", une solution "humaine". Vous trouvez les mathématiques inhumaines, et avec elles les critères quantifiables tels que la proximité, ainsi que toute idée d'application centralisée. Ce ne sont pourtant là que des outils qui aident à organiser les inscriptions, en support des rencontres bien réelles et humaines entre parents et directions d'écoles. De mon côté, je ne trouve pas plus "humain" de devoir choisir si tôt (à la sortie de la maternité) l'école secondaire du nouveau né, et encore moins "humain" de voir son enfant "déclassé" s'il n'est pas dans l'école primaire adéquate (par choix ou par dépit !). Dans un système d'adossement, ne pas être dans la bonne filiaire, n'est-ce pas ne devenir qu'un sous-homme ?
Ce n'est peut-être pas tant le fond qui nous différencie, mais le point de vue. Si, mentalement, vous imaginez une école secondaire, et regardez le flux d'enfants y entrant, vous les voyez sortir de leur école primaire, tandis que je les vois sortir de chez eux. Somme toute, l'adossement n'est jamais qu'une autre définition de la proximité !
Pour concilier ces deux points de vue, on pourrait étendre très largement l'adossement. Si toutes les écoles primaires sont adossée à toutes les écoles secondaires ... l'adossement est vidé de son sens. Si chaque école primaire n'est adossée qu'à une seule école secondaire, on retombe dans le système de "caste de privilégiés". (Je n'aime pas le terme de "nanti", souvent utilisé, car il n'y a pas que des familles plus aisées dans les écoles mieux cotées, pas plus qu'uniquement des familles d'un niveau professionnel, socio-culturel élevé, ... Il faut probablement plus avoir une tête qui "revient" au directeur d'école, avoir les bons appuis, les bonnes références, ... être de la bonne caste. Sinon mon ainée aurait eu sa place en maternelle dans l'école adossée : en tant qu'ingénieur, marié (à l'église de la même paroisse), habitant un "beau" (?) quartier très proche de l'école, je devais remplir toutes les conditions de ... nanti !).
Peut-être il y a-t-il moyen de trouver un point d'équilibre entre adossement large et proximité géographique pour départager le surnombre. Mais restera le problème des "extérieurs" et de ceux qui, pour quelque raison que ce soit, déménagent à l'entrée au secondaire.