30/11/2009
Nouvelle mouture de l'avant-projet : Avancées ou Miroir aux alouettes ?
[Courriel envoyé le 23/11/2009]
Voici quelques remarques par rapport à la nouvelle (et j'espère pas dernière) mouture de l'avant projet.
Selon l'article du journal Le Soir d'hier soir (jeudi 19 novembre 2009), un accord semble se dégager :
"Inscriptions scolaires : accord sur l'avant-projet de décret" (http://www.lesoir.be/actualite/belgique/2009-11-19/inscri...), qui reprend également un communiqué du président Rudy Demotte.
Ce nouvel avant projet donne l'illusion d'aller dans la bonne direction, mais ce n'est qu'une illusion. Qui est le dindon de la farce ?
Votre projet prévoit de supprimer l'adossement dans 6 ans, une éternité en politique, vous n'en verrez pas les fruits sous votre législature. Et j'entends déjà certains directeurs dire "Ne vous en faites pas, ce n'est pas la première fois qu'on annonce la fin de l'adossement, vous verrez ... en 6 ans les choses auront le temps de changer ... !" En d'autres termes, cet adossement est toujours bétonné, jusqu'à preuve du contraire ! Dans les décrets précédents, on avait déjà annoncé la fin de l'adossement, il serait temps de passer de la parole aux actes : deux ans me parait correct. Il faudrait également supprimer / ne pas accorder cette priorité à ceux qui changent d'école primaire après la date d'entrée en vigueur décret (ce qui, si vous tenez à conserver ce fichu adossement quelques années, évitera à tout le moins de "vider" les écoles primaires orphelines à l'approche de la sixième !). Une alternative serait d'inclure l'adossement (ou l'école adossée) dans le calcul de la proximité géographique, et de programmer la diminution de ce poids (si on considère l'adresse de l'école adossée) d'année en années (75% pour la rentrée prochaine, 50% ensuite et 25% la dernière), ou augmenter le facteur de 0.25 à 0.75 (un facteur mis à l'unité n'ayant plus d'effet). Voir les considérations sur ces paramètres dans la proposition de procédure d'inscription : http://id-phy.orgfree.com/Opinion/InscrProcedure.html).
Le principe des multi-inscriptions implicite, de par le classement par les parents (de manière confidentielle) semble acquis. Mais à y regarder de plus près, c'est une inscription unique, les autres n'étant qu' "accessoires". Car selon l'accord, les parents ne devront se rendre que dans une seule école. Est-ce à dire qu'on peut inscrire (dans le cas de second choix, ...) son enfant dans une école que l'on n'a jamais vu ni d'Eve ni d'Adam ? Une visite de l'école dans laquelle on inscrit (potentiellement) son enfant, une rencontre avec la direction me semble un minimum. Alors, ne serait-ce la simplicité même qu'à l'occasion de cette visite, la direction procède à l'inscription de l'élève dans la base de donnée ? Afin de ne pas surcharger les directions de visites inutiles, on pourrait demander (exiger) la visite des écoles correspondant aux autres choix tant que dans la liste, les écoles sont "réputées" en manque de places (sur base de 2009). C'est à dire visite de la première, et si la demande est à priori trop importante, de la deuxième, ... et ainsi de suite tant qu'un choix n'est pas fait sur une école réputée avec suffisamment de places. Peut-on suggérer aux parents que dans leur liste, figure au minimum une école peu demandée ?
Ensuite, pourquoi ne pas entrer ces données directement dans une base de donnée centrale ? Quel bénéfice il y a-t-il à traiter une partie manuellement (au sein des écoles), et l'autre centralement par la CIRI ? Si, selon la méthode retenue, 80% sont attribués par la direction de l'école, les directeurs tiennent-ils à ce point à faire le travail "à la main" ? Une manière de leur laisser "jouer" avec les inscriptions ? Ne serait-il plus facile pour eux qu'un logiciel fasse ce tri ? Puisque les critères seront fixés en toute transparence, quelle crainte il y a-t-il à effectuer cette opération par un logiciel central ? Et on aura automatiquement une vue des demandes en surnombre ...
D'autre part, je lis, toujours dans Le Soir de jeudi (http://archives.lesoir.be/ecole-l%26%238217-adossement-s%...) : "Accord aussi sur l’idée que des parents s’inscrivant dans une école en y faisant valoir une priorité ne peuvent pas multi-inscrire (soit on fait valoir sa priorité et on s’en tient là ; soit on ne la fait pas valoir et on peut multi-inscrire.)" Y pensez-vous sérieusement ? En avez-vous mesuré les conséquences ? Si pour faire valoir une priorité, on ne peut faire d'autres demandes d'inscription, c'est restreindre la liberté des parents, qui par sécurité, activeront leur priorité, au détriment tant du meilleur choix pour cet enfant en particulier (qui pourrait pour de multiples raison être autre), que pour les autres enfants briguant cette même place (correspondant pour lui à un réel premier choix) ! Cela va de facto cadenasser les places prioritaires (fratrie, adossement (eh oui, tant qu'il est là !), ...). Mais c'est aussi un moyen pour les écoles secondaires de sélectionner leurs élèves, jouant sur la carte sécuritaire, elles pourront facilement "aspirer" les élèves du primaire (adossé, des fratries), ne laissant à nouveau que les miettes aux autres. Pire que l'adossement, c'est de l'adossement forcé ! Bref, le décret est (grandement) vidé de son sens ! Une avancée ?, je dirais plutôt un recul ! Heureusement, ce point ne figure plus texto dans le dernier article.
En outre, si la CIRI ne dispose pas de toutes les demandes d'inscription, elle ne peut procéder à un optimisation globale (aussi implicitement dans le texte), ni même procéder à des simulations afin d'améliorer le processus, l'algorithme, ... pour les années prochaines. On se prive à priori d'un jeu de données inestimable ! De plus votre avant projet ne stipule nullement comment la CIRI procèdera à l'attribution des 20% restant.
D'un point de vue pratique (algorithmique), pour considérer les "priorités latentes" (activées uniquement si de meilleurs choix ne sont possibles), on pourrait par exemple utiliser la méthode dite de "pré-inscription différée", telle que décrite dans les méthodes pour dégonfler la bulle (cfr document à la page : http://id-phy.orgfree.com/Opinion/InscrBulle.html), où bien sûr on remplace le classement du tirage au sort par celui issu des nouveaux critères (géographiques, ...) . Cette méthode donnerait une première "base" d'inscriptions, où les priorités ne seraient activées que si besoin, mais qui devrait être poursuivie par une optimisation (échange, ...). Pourquoi 80% - 20%, et non un optimisation sur l'ensemble des demandes ? Trop complexe ? L'algorithme ne sera effectivement pas simple, mais qu'importe, tant que la procédure le sera. Tant qu'a écrire un algorithme pour 20%, autant l'utiliser pour 100% (le développement serait à peu près le même). Et l'avantage avec une procédure informatique, est qu'on peut effectuer des simulations, et si le résultat ne correspond pas aux objectifs (par exemple un minimum de 80% de premiers choix attribuer), on peut le corriger (ou le réécrire), prévoir un "Plan B" (attribution directe des premiers 80%, ...).
Avec cette "réserve" de 20%, si je me resitue à l'époque de l'inscription de mon ainée, il y 4 ans (les choses ne devant guère être améliorées depuis), il ne resterait quasi aucune place après que les prioritaires se soient "servis". En effet, sur 240 places disponibles en première secondaire, il en restait de l'ordre de 50 le jour d'ouverture des inscriptions, soit à peu près ... 20% ! Est-ce à dire que selon votre nouvelle procédure, seuls les prioritaires pourront obtenir une place au "premier tour", tous les autres devant s'en remettre à la CIRI ? (Comment se fait-il qu'il n'en restait que si peu ? Je vous le donne en mille ... l'adossement de DEUX écoles !) Et avec quel délai, car ce ne sera qu'à ce moment que les informations remonteront à la CIRI, qui va seulement commencer à encoder, ... Vous aviez dit rapidité ?!
Reste l'introduction des choix dans le système, on peut par défaut considérer l'ordre de visite, donc des demandes d'inscription, comme ordre des choix par défaut. Et si les parents veulent modifier cet ordre, ils pourraient soit s'adresser à l'école de leur premier choix pour leur remettre ce fameux formulaire (qui serait alors soit encodé directement au niveau de l'école, ou mieux envoyé à la CIRI pour encodage), soit envoyer eux-même ce formulaire directement (par recommandé ?) à la CIRI (les modalités étant inscrites au dos du formulaire).
J'entends madame la ministre plaider pour une procédure rapide, si toutes les demandes figurent dans un fichier central, la voie informatique est sans doute la plus rapide. Même sur un PC, j'avais simulé 250 000 demandes (50 000 enfants, et 5 demandes par enfant), et optimisé (par échange l'an dernier) la solution en plus ou moins 3 heures 30 : c'est un délai raisonnable non ?
Pour résumer, il faudrait :
- centraliser directement (et non après première attribution par les écoles) TOUTES les inscriptions (les multi-inscriptions et choix des parents), pour permettre une optimisation globale
- un encodage des formulaires également centralement (par la CIRI), pour soulager les écoles. Si, pour quelque raison que ce soit, les parents désirent changer l'ordre, ils pourront envoyer un nouveau formulaire à la CIRI (et également les contacter pour vérifier que leur choix soient bien encodés, ... en attendant de pouvoir consulter ses données sur Internet, je reste convaincu que cette application devra s'étoffer de nouvelles fonctionnalités dans les années à venir)
- permettre un premier choix autre que le choix prioritaire et pouvoir réactiver cette priorité si le premier choix n'est pas rencontré, c'est à dire garantir au minimum l'école dans laquelle on dispose d'une priorité. Vrai liberté donnée aux parents, et "ouverture du jeu".
- LIMITER la priorité de l'adossement le plus vite, le plus tôt possible : deux maximum.
- juridiquement permettre une optimisation : tel que échange de places, attribution d'un moindre choix pour permettre qu'un autre obtienne autre chose que son dernier choix (cfr courriel précédent : http://inscriptionsecondaire.skynetblogs.be/post/7439573/...). Selon votre règle 80-20, ce devrait être prévu.
- concernant les critères géographiques, je vous renvoi à ma proposition mathématique.
Plus j'y réfléchis, plus je me dis que ce nouvel avant projet n'est qu'un miroir aux alouettes, et que sur le fond, peu de choses ont changé.
Si, tout quelques points positifs :
- la suppression de l'adossement (mais aux calendres grecques)
- une centralisation (mais partielle)
- une optimisation par la CIRI (mais comment ?)
- une considération de critères géographiques (mais lesquels ?)
Avec mes meilleures salutations,
Pierre Hardy.
PS: J'ai lu qu'un traitement central était techniquement "jouable", cela m'a fait doucement rire ! Même à l'ère des cartes perforées, c'était faisable ! Et comme signalé, j'ai testé des algorithmes similaires (en complexité) sur un simple PC, après quelques (nombreuses) heures de programmation "en solo et en amateur". J'ose tout de même espérer qu'une équipe digne de ce nom en vienne également à bout !